Professionnels de la presse, designers et étudiants d’e-artsup étaient réunis le 14 décembre au cinéma Mac-Mahon à Paris, autour du thème « la Machine à écrire à l'iPad… Le design de la Presse en ligne ». Ensemble, ils ont réfléchi à l’avenir de la presse en ligne et de la place prépondérante du design dans l’évolution en cours.
Parmi les intervenants : Ludovic Blécher, directeur et rédacteur en chef de
libération.fr, Michel Chanaud, designer graphique et directeur de la publication d’
étapes: , Jean-Louis Frechin, architecte et designer interactif, dirigeant de l’agence
NoDesign et spécialiste des objets intelligents et communicants, Etienne Mineur, designer Interactif, responsable du labo design interactif à e-artsup et cofondateur d’
Incandescence et des éditions volumiques, Geoffrey Dorne, designer graphique indépendant dans l’édition et le web et chercheur à l’EnsadLab de Paris, Peter Gabor, typographe et directeur d’e-artsup et Antoine Bueno, écrivain "prospectiviste", chroniqueur télé (Paris Première, LCI, Cap 24, France 2) et enseignant en littérature (autour du thème de l'utopie) à Sciences Po.
Les participants se sont accordés sur plusieurs grandes tendances de la presse en ligne. Parmi celles-ci : multi-modalité, scénarisation, polyvalence, exclusivité et extension… Beaucoup de changements sont intervenus ces dernières années dans l’univers des médias, avec notamment l’irruption rapide de nouveaux médias et supports :
Twitter,
Wikileaks, l’iPhone et ses applications, puis l’iPad... La multiplication et la généralisation de différents appareils, orientés vers la mobilité, véhiculent une masse importante d’informations sous différents formats. Cela bouleverse les usages : l’iPhone est par exemple utilisé comme un outil d’alertes par de nombreuses personnes.
Mettre en scène
Dans un contexte d’augmentation de la masse d’information, la manière de la traiter et de la filtrer occupe une place prégnante. On passe ainsi d’une économie de l’information à une économie de la transformation. La mise en scène de l’information est donc devenue cruciale. Une information ne va plus tant tirer sa valeur ajoutée de son contenu informatif que de sa mise en valeur, qui va lui permettre de faire appel aux émotions du lecteur. Interactions entre le contexte, le contact, le contenu, il faut désormais capter l’attention dans ce monde d’hyper-flux et d’hyper-sollicitation, afin de créer une relation de fidélité, de confiance avec les lecteurs. Le design fait partie de ces atouts qui font la différence.
Nouveaux médias ?
De nouvelles formes de médias se développent. Le modèle de
Wikileaks est celui de la seule mise à disposition des documents, par opposition à la transformation et à la mise en scène de l’information. Sur
Flipboard, une sorte de « magazine social » pour iPad, la mise en page est automatiquement générée par des algorithmes à partir d’une remontée de flux personnalisée par l’internaute.
Les pratiques des journalistes changent également : ils doivent mettre en place une stratégie d’écriture différente selon les supports. Certaines compétences viennent s’ajouter au savoir-faire initial, comme celle de développeur ou de designer.
Nouveaux modes de lecture
Le Web a transformé progressivement la nature de l’information : alors qu’elle était délivrée de manière unilatérale à l’origine, le Web 2.0 l’a rendue multilatérale. L’internaute est amené à produire de l’information autant qu’il en consomme. Le journaliste devient une sorte de méta-journaliste qui prend des informations et les restitue à sa manière. Le commentaire de l’information devient essentiel. Les modes de lecture changent également. Et une lecture qui amène à privilégier l’intelligence visuelle sur le texte commence à se développer.
Face à la multiplication des outils de présentation, se pose le problème de la pertinence du support par rapport à l’information : quelle information sur quel support et quand ? Ainsi l’idée de continuité, d’articulation entre les médias se précise : sur quoi publier l’information et pourquoi ? La mise en forme de l’information offre deux possibilités : soit une mise en forme particularisée par support, soit une unité formelle adaptable aux différents supports.
Le financement de la presse en ligne
Les problèmes de financement rencontrés par la presse en ligne ne datent pas d’aujourd’hui. Actuellement, la presse développe des logiques d'abonnement premium à côté de services gratuits : la partie premium donne accès à des contenus complémentaires. La presse essaie également de se diversifier au maximum en offrant des services déclinés différemment selon chaque media.
Internet tend à se répandre partout : rapidement, les objets et les villes devraient devenir à leur tour intelligents, avec la multiplication des objets communicants. Par exemple, Eurodisney a créé une application qui fluidifie l’usage du parc francilien en donnant de l’information sur le temps d’attente de chaque attraction. L'information devient le centre névralgique du fonctionnement de la cité.
De nouveaux métiers et de nouvelles compétences en correspondance avec ces mutations vont être amenés à se développer. Parmi ces tendances, l’enrichissement du travail du journaliste, pour lequel les compétences en programmation et en design vont constituer une valeur ajoutée de plus en plus recherchée et la spécialisation du designer sur le Web, avec l’extension des formations adaptées, comme celles que proposent e-artsup.